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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

— Comment !… »

Elle n’acheva pas. Cora venait d’entre-bailler la porte et montrait sa jolie tête ébouriffée, encore toute somnolente.

« Nous en reparlerons ce soir, dit Mlle Aubry ; du reste, M. Mayer viendra lui-même plaider sa propre cause…

M. Mayer ?… Il est question de M. Mayer ?… dit Cora en se frottant les yeux, tandis que la maîtresse de pension redescendait l’escalier.

— Oui, ma chérie, lui dit Yette, et je te supplie de peser très sérieusement l’offre qu’il nous fait, de ne pas t’arrêter à des bagatelles, à son accent, à sa tournure, à la grandeur de ses mains, de ne pas me répondre par des enfantillages quand je te demande : Que penses-tu de lui pour mari ?

— Ne consulte pas mon goût, interrompit en riant l’espiègle, il lui serait absolument défavorable.

— C’est pourtant un grand artiste, un noble caractère, un homme dont la femme la plus exigeante doit être fière de porter le nom, dit Yette avec quelque sévérité. Le repousser à la légère serait déplorable et absurde !

— Aussi sera-t-il agréé, je gage !

— Ce que tu disais tout à l’heure était donc