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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

table : « En voilà toujours un de pris, » ils crurent qu’il avait découvert un des complices ; le soir, ils restèrent persuadés qu’il était sur la trace du second, et, pendant la nuit, ils allèrent lui remettre la bague, plus une offrande afin d’acheter son silence. Criquet accepta leur argent et aussi la récompense promise pour la bague. Sur celle-ci il ne comptait pas beaucoup, pensant que les repas plantureux qu’on lui avait servis pendant son séjour sur l’habitation seraient le seul profit qu’il retirerait de sa campagne. Aussi avait-il eu soin d’en compter le nombre : un de pris, deux de pris, — ce que les coupables avaient interprété à leur manière.

« Que dites-vous de l’histoire ? demanda Mme Bellune à maman, après la lui avoir contée.

— Elle est très comique, répondit maman ; une seule chose m’étonne, c’est qu’une femme d’esprit telle que vous ait eu l’idée de faire appeler un quimboiseur.

— Comment ! s’écria notre voisine, ne voyez-vous pas que c’était le seul moyen de frapper l’imagination des nègres de la maison et de me faire rendre ma bague que je croyais bien volée ?

— Vous l’avez retrouvée en effet, répondit maman, ce qui vous donne matériellement raison ;