Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

228
HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

réussit qu’à taper dans ses mains, en ébauchant une gambade que la présence même de Mme Darcey ne réussit pas à réprimer.

« Nous étions bonnes pour toi cependant, tu étais bien traitée, » lui dit Mme Darcey non sans Humeur.

Mesdélices répondit par un signe affirmatif.

« Tu étais bien payée ! »

Mesdélices fit claquer ses doigts.

« Mamselle Yette ne pourra pas te donner autant d’argent, insinua M. Darcey.

— Mamselle Yette i rié payé ! moë lé rié ! moë ié négresse à mamselle Yette ! répondit Mesdélices avec indignation. Mamselle i doit rié à moë, moë tout à li.

— Au reste, continua M. Darcey, elle te laisse libre, soit de rester avec nous si tu y trouves avantage, soit d’aller avec elle si tu le préfères. »

La joie s’éteignit sur le noir visage de la pauvre fille. Elle se laissa glisser par terre, et son corps souple enroulé sur lui-même comme celui d’un serpent, la tête dans ses jupes, elle sanglota.

« Eh bien ! qu’est-ce qui te prend ? dit M. Darcey impatienté. Puisque je te répète que tu es libre !

— Moë lé pa ! moë sé ennui moë ici ! Moë ié à