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AIDE-TOI, LE CIEL T’AIDERA.

intelligente que moi, s’écria Yette, tout autrement sensible à l’opinion qu’on pouvait avoir de sa sœur qu’à celle dont elle-même était l’objet. Elle a au contraire une facilité que je n’ai jamais eue. Je n’apprends rien sans efforts, ajouta Yette, et je vais avoir à redoubler de travail maintenant, en vue des examens de la Sorbonne. Mlle Aubry vous a peut-être dit que je m’y présentais ? C’est aujourd’hui la dernière leçon que je prends avec vous, M. Mayer. J’aurai besoin de tout mon temps pour…

— Je regrette beaucoup de vous perdre, dit le jeune homme, de sa voix vibrante qui rendait agréable jusqu’à un léger accent alsacien. Je reporterai, croyez-le, sur votre sœur, tout l’intérêt que vous m’avez inspiré.

— Oh ! monsieur, merci ! s’écria Yette, c’est justement ce que je voulais vous demander.

— Et si je ne suis plus votre maître, continua M. Mayer à qui Mlle Aubry avait, à n’en pas douter, raconté beaucoup de choses, voulez-vous me permettre de rester toujours votre ami ? »

Les joues de Yette s’empourprèrent. L’idée qu’un homme de ce mérite s’intitulât son ami lui était fort douce. Elle ne sut que répondre et mit sa main dans celle que lui tendait le professeur.