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AIDE-TOI, LE CIEL T’AIDERA.

Yette en secouant la tête d’un geste fier et mutin. Soyez tranquille ! Je saurai me faire respecter, car j’espère pouvoir me faire aimer. »

Mme Darcey semblait chercher en elle-même quelque moyen de seconder ou de récompenser cette enfant, qu’elle se surprenait à considérer comme une héroïne.

« Polymnie ? dit-elle.

— J’y pensais, maman, répliqua vivement Polymnie. Ma chère Yette, — et elle se rapprocha de son amie avec un peu d’embarras, — puisque vous prenez si bien votre parti d’une besogne ennuyeuse, n’accueilleriez-vous pas une élève de plus ? Je serai assurément la plus maladroite de toutes et la plus ignorante, mais je m’appliquerai et vous me rendrez grand service. Vraiment, il est honteux à mon âge de ne pas savoir faire un point… »

Mlle Polymnie avait toujours professé pour l’aiguille un mépris indicible. C’était, disait-elle, l’affaire des femmes de chambre. Elle faisait donc en ce moment un effort méritoire. Son orgueil pliait en même temps que s’éveillait chez elle un sentiment plus noble que la simple pitié. elle se mit a rire, puis les larmes tombèrent sur ce rire étincelant, comme tombent parfois au