CHAPITRE II
l’habitation du macouba
Certes, la situation d’un enfant qui, pour la première fois, quitte la maison paternelle est toujours digne de pitié ; mais celle de Yette semblera peut-être à nos lecteurs particulièrement intéressante quand ils sauront quel Paradis terrestre c’était pour elle que l’habitation du Macouba, où elle était née, où elle avait grandi, et quelle existence cette étrange enfant y menait. La vie de famille telle que nous l’entendons en Europe suppose, quelque douce qu’elle puisse être, un peu de répression et de contrainte. Yette n’avait connu rien de semblable. Tout ce qu’elle voulait, elle l’avait ou parvenait à se le procurer ; tout ce qu’on ne lui donnait pas, on le lui laissait prendre. Elle savait que son armoire à robes regorgeait de belles mousselines brodées qu’elle avait plaisir