que le meilleur moyen d’être agréable à Yette était d’aimer sa petite sœur.
« Pourquoi donc disais-tu qu’on s’ennuyait en pension ? demandait cette dernière, moi je trouve qu’on n’y est pas mal.
— C’est que tu es plus sage que je ne l’étais à ton âge, répondait Yette, sans songer que le régime dont elle avait pu se plaindre était singulièrement adouci pour Cora, grâce à elle.
— Une seule chose me déplaît ici, reprenait la petite sœur, on travaille trop. »
Cora, une santé délicate aidant, était affligée au plus haut degré de ce défaut créole : la nonchalance ; elle n’avait de vivacité que pour le plaisir, et, souvent endormie en classe, ne dédaignait jamais, bien loin de là, les amusements de toute sorte qui l’attendaient chaque jour de congé dans l’opulente maison des Darcey. Le dimanche, une voiture venait régulièrement chercher les jeunes filles pour les conduire chez leur tuteur, où Yette, à sa grande joie, retrouvait Mesdélices, qui avait dû consentir, non sans difficulté, à entrer au service de Mlle Polymnie Darcey, en attendant que ses maîtresses sortissent de pension. Les deux amies, tout en riant et tout en pleurant, parlaient du bon vieux temps qui ne devait plus renaître.