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TENTATIVE D’ÉVASION.

souffrira pas que je paye ma place. Tout cela est très simple. La seule difficulté sera de sortir d’ici. »

Yette employa plusieurs récréations à examiner les murs du jardin, cherchant à y découvrir quelque brèche. Ils étaient, hélas ! d’une solidité désespérante et couronnés, par surcroît de précaution, tantôt de piques de fer, tantôt de tessons de bouteilles. Sur un seul point on avait négligé de les fortifier, sans doute pour épargner un lierre magnifique qui, mêlé à d’autres plantes grimpantes, avait revêtu du plus riche manteau de verdure la maçonnerie ailleurs toute neuve ; mais les rameaux du lierre n’étaient pas assez solides pour qu’on put s’y accrocher en grimpant. Yette étouffa un cri de joie ; la Providence lui venait en aide : une échelle laissée là par le jardinier, qui était en train de raccommoder le treillage, restait appuyée au mur !

« Pourvu qu’elle y soit encore à la récréation du soir ! » pensa Yette.

Elle avait choisi la récréation du soir pour l’accomplissement de son équipée, que la nuit, qui commence de bonne heure au mois de décembre, devait favoriser. Tout le temps de la classe elle guetta de son banc, situé près de la fenêtre, la