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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

la directrice, et ces dames se mirent à déplorer entre elles la mauvaise volonté de Yette, qui, ennuyée de leurs doléances, bâilla d’abord, puis s’esquiva sans prendre congé de personne.

Elle alla chercher Héloïse :

« Écoute, lui dit-elle, on a trompé maman, on lui a dit que j’étais heureuse, quand j’ai au contraire plus de chagrin que le premier jour. Il faut que je lui écrive la vérité. »

Héloïse fit observera son amie que, ne sachant pas même tracer des bâtons, elle ne parviendrait jamais à s’expliquer plume en main.

« Mais tu écris, toi !

— Très mal ! Mlle Agnès dit toujours qu’elle ne peut pas déchiffrer mes devoirs, que c’est le griffonnage d’un chat.

— Elle les lit pourtant, puisqu’elle trouve bien moyen de corriger les fautes, et maman a beaucoup plus d’esprit que Mlle Agnès ; elle comprendra, je t’en réponds.

— Tu vas donc me dicter ce que tu veux dire ?

— Je vais te le dire mot à mot. Va chercher un encrier… non, les surveillantes se méfieraient… Le crayon que tu as dans ta poche sera aussi bien. Voici du papier… Vite !

— Mais comment enverras-tu ta lettre ?