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LA CLASSE ET LA RÉCRÉATION.

succédèrent à un régal dont le pensionnat garda longtemps le souvenir. Néanmoins, dans la courte récréation qui suivit, une nouvelle bataille s’engagea entre Yette, Laure Raymond et Hélène de Clairfeu. Mlle Agnès vint les séparer.

« Encore ? dit-elle. Il faudra renoncer à vous servir si lestement de vos poings, mademoiselle Éliette. Vous êtes un garçon manqué.

— Cette fois, répondit Yette d’un air maussade, je ne me suis pas battue pour mon compte, mais à cause de vous.

— De moi ?

— Oui ; ces demoiselles imitaient votre manière de marcher clopin-clopant. Je leur ai défendu de le faire, et, comme elles ne supportent pas qu’on leur défende rien, elles m’ont donné deux soufflets, voilà ! »

Une rougeur légère, un fugitif sourire passèrent sur le visage de la sous-maîtresse. Personne encore parmi ces petites ingrates, qu’elle soignait et instruisait de son mieux, n’avait peut-être pris son parti avec autant de vivacité.

« Ma chère enfant, balbutia-t-elle, je vous remercie de votre affection ; mais, à l’avenir, laissez-les dire et, ne vous battez plus ni pour moi, ni pour aucun autre motif.