— Cette vilaine Aubry ! N’appelez pas vilaine Mlle Hortense. Vous nous feriez renvoyer.
— Chasser d’ici ? J’en serais ravie.
— Mes parents en auraient du chagrin ! dit Héloïse, qui, à défaut d’autre intelligence, avait du moins celle du cœur. C’est une chose honteuse que de se faire renvoyer. Attendez ! je vais aller demander votre poupée. »
Elle revint, l’instant d’après, portant une splendide négresse dans ses bras. Lorsqu’elle revit Nana, — c’était le nom de sa poupée, — Yette fut saisie d’une émotion violente.
« Elle est toute pareille à ma pauvre da ! dit-elle à Héloïse. Voyez-vous, ma da est de la même couleur et habillée de la même façon. Oh ! ma pauvre da ! comme elle doit avoir du chagrin ! Je suis sûre qu’elle tourne autour de ces murs affreux, qu’elle demande à entrer, mais on ne veut pas, on la repousse… »
Yette devinait juste. Sa nouvelle amie lui essuya les yeux, et elles se mirent à jouer ; mais déjà l’accoutrement étrange de la poupée avait frappé les pensionnaires. Quelques-unes accoururent de nouveau, demandant à l’examiner de près ; sur le refus hautain de Yette, Hélène de Clairfeu prit brusquement Nana et l’emporta en courant. Cette