côtes ; il eut le bon effet de faire oublier momentanément à Yette ses souffrances morales. Quand elle se retrouva, un peu chancelante encore, sur le pont où l’on respirait la brise pure et saline, au lieu de l’épaisse atmosphère des cabines, elle se sentit comparativement heureuse.
Après la jouissance d’être enfin debout et au grand air, il y en eut une autre, celle de dîner du meilleur appétit après une longue diète. La table du Cyclone était aussi bonne que celle d’un hôtel de grande ville, et, de fait, ce caravansérail flottant était une ville à sa manière, une ville très peuplée, où l’on vivait à peu près de la vie des eaux, avec les plaisirs mondains, les commérages, l’élégante oisiveté que ce genre d’existence comporte. Yette fut placée à table entre les deux enfants qu’elle avait si rudement repoussés tout d’abord et qui, dès le premier repas, devinrent ses amis intimes. C’étaient deux petits Anglais répondant aux noms de Ned et de Bob. Presque aussi turbulents qu’elle-même, ils se laissèrent volontiers entraîner, comme naguère Tom, Mesdélices et Loulou, à des tours qui, sur terre, n’eussent été qu’extravagants, mais qui, à bord, devenaient fort dangereux.
La maman de M. Ned et de M. Bob et la da de