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semblent se toucher, ma vieille bonne Marianne s’asseyait pour coudre, et je suivais, assis à ses pieds, le mouvement régulier de son aiguille qui ne s’arrêtait guère. Elle ne me caressait jamais, bien qu’elle fût avec moi soigneuse et prévenante, très-dévouée, je suppose, et que souvent j’aie surpris une larme derrière ses lunettes lorsqu’elle me regardait.

D’où vient que je ne me rappelle pas la figure de mon père, celle de mon frère, aussi bien que la sienne ? Non, quand je veux évoquer l’entourage familier de mon enfance, je ne vois plus qu’un professeur, gesticulant en chaire pour l’instruction d’une classe de jeunes garçons affligés de la même disgrâce que moi, et parmi lesquels je ne comptais que des camarades indifférents.