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et Gérard s’aperçut bien de ma souffrance, car il m’en demanda le motif avec une curiosité persistante qui acheva de me torturer. Je voulus lui persuader que c’était seulement la crainte de n’être plus en première ligne dans ses affections, mais je crois aujourd’hui, — et il y a pour moi dans cette conviction une source de perpétuels remords, — que déjà, depuis longtemps peut-être, sa clairvoyance avait tout deviné.

Pourtant il feignit d’accepter mon mensonge et me rassura en plaisantant.

Le lendemain une révolution véritable éclata dans la maison et dans toute la ville : au retour d’une visite de mon père à madame de Mareuse, lorsqu’on lui donnait certitude entière d’être agréé, Gérard avait déclaré son projet de prendre du service. M. de Brenne