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» Elle s’excusa avec chaleur de ne m’avoir pas consultée en cette affaire, la plus importante de sa vie ; mais sa tante, pour des motifs qu’elle ignorait, lui avait recommandé un secret absolu ; et, quant à elle, la séduction avait été si subite, si irrésistible, qu’elle n’avait pas même essayé de se défendre.

» Le portrait qu’elle me fit de son fiancé me parut trop beau pour n’être pas flatté. Mais ce qui me parut plus évident encore, ce fut que ma pauvre Lucienne était éperdûment amoureuse. Ainsi, je n’occupais déjà plus que la seconde place dans son cœur ! J’en pris un chagrin amer et ne pus m’empêcher de haïr, de toute la haine de la jalousie, cet étranger qui était venu me voler mon bien.

» La guerre se prolongeait dans les Flandres, et le retour de M. de Langeac fut indéfiniment