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» Je pleurai bien six mois. Après, le besoin de revoir ma fille m’étreignit le cœur si violemment, que je partis pour Paris un matin, sans avoir prévenu personne de mon projet.

» Lucienne vint se jeter dans mes bras, avec des transports qui me consolèrent d’abord de tout ce que j’avais souffert loin d’elle. Je la trouvai un peu pâlie sous sa robe noire de pensionnaire, mais belle comme je ne l’avais jamais vue. — Je soupçonnai qu’un grand bonheur avait pu seul opérer cette métamorphose ; interrogée par moi, elle se troubla beaucoup et finit par m’avouer qu’elle était fiancée depuis huit jours à M. de Langeac, mais que, la solennité ne devant être officielle qu’au retour du jeune homme, qui avait été rejoindre son régiment en Flandre, on l’avait fait rentrer provisoirement au couvent.