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lui promettre la solution d’une énigme : il le prit et le tint longtemps, sans oser l’ouvrir, sentant bien que tout était fini.

D’abord il ne vit rien… les lignes fourmillaient confuses, tremblotées, illisibles ; on devinait qu’elles avaient été tracées en hâte. Çà et là, l’encre pâlie, délayée, attestait une tache de larme :

« Je trompe tout le monde ici. Vous seul comprendrez pourquoi je pars. Personne ne m’appelle… personne ne m’attend… mais je ne peux plus vous revoir…

» Mon refuge contre moi-même, je dois aller le chercher auprès de celui qui patiemment et à force de tendresse a créé la femme que vous prétendez aimer. Vous n’auriez jamais aimé Suzanne. Eh bien ! Suzanne est morte, emportant avec elle ce culte qu’elle