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seaux dans les hauts peupliers, les grillons jasaient sous la mousse ; un murmure de vie semblable à quelque chant étouffé, emplissait l’air. Tout palpitait sous les chauds baisers du midi, et le pas des chevaux troublait seul ces mélodies de la création, car Suzanne et Gaston n’échangeaient pas un mot. Peut-être laissaient-ils le silence éloquent et passionné de la nature parler pour eux.

Un ruisseau aboutissant à un petit lac caché sous les roseaux et ombragé de peupliers, cet arbre de la Touraine, marque l’entrée du domaine des Roches. Les libellules, les éphémères, les insectes qui se posent sur les plantes aquatiques y tournoient comme autant d’émeraudes et d’opales vivantes, effleurant de leurs ailes le filet argenté qui coule, bruyant et rapide, sur son lit de sable. Un