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les cœurs désunis se rapprochent, saisis du même attendrissement qui les enchaîne. Un instant, Suzanne et Gaston oublièrent tout leur passé, à l’exception de la tendresse filiale qu’ils avaient éprouvée pour celle qui n’était plus, et dans les bras de laquelle ils s’étaient si souvent jetés ensemble ; l’âme de madame de Courvol était entre eux.

L’entretien de la première journée roula tout entier sur ce souvenir si cher et si navrant. Il fallut un peu de temps avant que l’on songeât à parler d’autre chose, ou seulement à se regarder.

Madame de Vallombre avait rétrogradé de dix ans dans la vie depuis qu’elle était menacée de devenir grand’mère ; ce n’était plus à la jeunesse qu’elle aspirait, mais à l’adolescence. Ses grâces avaient pris un caractère presque