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assez misérable idée de ma loyauté : rassure-toi. Je suis plus fort que tu ne peux le penser, car avec le poison tu m’envoies l’antidote, en m’offrant de renoncer à elle. Belles phrases héroïques, qu’on écrit sur le sable et que le vent emporte ! Tu es pétri de l’argile commune, et un jour viendra où tu oseras lui faire ta cour, où elle comprendra que toi seul es digne d’elle, où elle n’aura pour moi que de la haine, de l’indifférence peut-être, ce qui serait plus humiliant. Persévère et crois en toi. Un peu d’audace, de vanité, de foi dans ton étoile, voilà ce qui te manque. — Hélas ! que ne puis-je t’envoyer le superflu de mes vices ! »

 

Madame de Courvol en resta là ; elle essuya son front baigné d’une sueur froide et se tourna vers Suzanne ; mais celle-ci avait