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femme qui croit maintenant à son influence et qui est sûre de triompher. Madame de Courvol lui avait donné confiance, avant de la lancer dans cette ambassade de séduction.

Pourtant, lorsque Gaston releva la tête, elle fut effrayée de voir un pli soucieux creuser son front.

— Je pense que ma place est à vos pieds, mais que mon général n’a pas tout à fait tort de dire qu’il y a une grande honte à déserter ainsi son drapeau.

— Et cette honte, vous la bravez, dit Suzanne dont les yeux se mouillèrent de reconnaissance.

— Il le faut bien !

Ce mot, dit avec un accent de tristesse et de révolte, la blessa horriblement :

— Il le faut ! mais n’êtes-vous pas libre encore ? ne le serez-vous pas toujours ?