Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vait être… et quand je pense à tout ce qui a dû enchanter son passé, succès, satisfactions d’orgueil, et au peu que je lui offre en échange, l’épouvante me prend.

Il n’y a rien de plus beau sur la terre que la candide ignorance d’une jeune fille, possédant sans le savoir, la grâce, les séductions qu’elle envie, et confessant qu’elle voudrait avoir tout cela, éternel et inaltérable, pour le donner à l’homme aimé.

Félix l’enveloppa d’un regard d’admiration qui eût dû calmer ses craintes.

— Je vous étonne ? Mais vous êtes si indulgent ! je ne vous reconnais pas la compétence voulue pour juger ces choses. J’ai malheureusement trop de clairvoyance et je devine la femme qu’il faudrait à M. de Courvol ; une femme vive, ingénieuse, spirituelle, habile