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peu railleur, que Félix comprit et qui l’attrista. Personne jusque-là n’avait été assez perspicace pour sonder les profondeurs de ce cœur d’enfant. Rien n’échappait à Suzanne, ni la nullité de son père, ni les allures évaporées de sa mère, qu’elle jugeait sévèrement, ayant surpris et enseveli dans le silence de sa pensée beaucoup de ces secrets qui ne comptent pas dans la vie d’une coquette, mais que repousse une imagination de vingt ans. Les aimables travers qu’elle avait eus sous les yeux l’avaient toujours choquée au point de la faire tomber dans l’excès contraire. Abandonnée à une institutrice inepte, elle s’était élevée seule, pour ainsi dire, sans que la direction maternelle intervînt en rien dans son éducation. Grave et studieuse, elle avait lu, réfléchi, tandis que la comtesse ne s’occupait d’elle que pour