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je suis ravie de moi-même… Vous jugerez s’il y a de quoi, monsieur, dit-elle à Félix avec une bonne humeur d’où toute prétention était absente.

— Faisons donc une visite à votre atelier avant que la nuit ne tombe, mademoiselle.

On s’était levé de table. En ouvrant la porte qui séparait la salle à manger de son atelier, Suzanne vit Félix et Gaston qui se rapprochaient l’un de l’autre pour causer tout bas. Une crainte vague parut la saisir, la crainte sans doute qu’on ne divulguât l’histoire de la rose et du baiser. Alors, surmontant l’embarras qui l’avait paralysée d’abord, elle s’avança vers les jeunes gens et regarda M. d’Aubray d’un air suppliant en joignant les mains. Ce geste ne fut remarqué que de lui ; il y répondit par un sourire qui promettait le secret.