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comme Sindbad le marin, à raconter tes voyages ? demanda Gaston de Courvol à son ami.

— On m’a rappelé du fond de l’Afrique en m’annonçant la mort de mon père. Ma sœur est seule maintenant, et je me dois à elle.

Il y avait sur le visage de Félix d’Aubray une expression de profonde tristesse qui trahissait un deuil intime, plus profond encore que le deuil extérieur qu’il portait.

— Je reviens donc de ma vie d’aventures, et je n’aurais peut-être jamais dû la commencer. Courir le monde, c’est fort beau, mais on se reproche son plaisir, en songeant que pour lui, on a délaissé de vieux parents, qui ont entrepris le plus solennel de tous les voyages sans avoir pu vous bénir. Alors on sent quelle place ils tenaient dans votre cœur, et on