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pas voulu, puisque, dans le passé, étaient toutes mes joies et aussi, oserais-je l’avouer, une vague espérance, qui faisait monter le sang à mes joues lorsque je me rappelais… Vivre comme autrefois auprès de Jane, vivre par Jane, puisque tout m’arriverait empreint d’elle, qu’il lui faudrait penser, parler, entendre pour moi ; dépendre de son dévouement, me paraissait un sort si enviable qu’il m’eût fait bénir la cruelle infirmité à laquelle je l’aurais dû. Mais l’opinion n’avait-elle pas flétri le passé, condamné l’avenir ? Eh bien, je me sentais presque de force à la braver ! De loin tout est facile ; les obstacles qui nous faisaient reculer découragés lorsque nous les touchions de la main, s’aplanissent, s’effacent. J’en vins à concevoir l’idée d’enchaîner, par le mariage, les dix-sept ans de Jane à ma