Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épaisses, et je la regardais avec émotion se débattre dans ce manteau d’ébène. Immobile, égaré, je comprenais que rester plus longtemps deviendrait une profanation, et je ne sais quelle force invincible me retenait cependant. Elle me retint, tandis que Jane, secouant, comme la princesse Peau d’Âne, ses vêtements sombres, apparaissait sous un filet de lumière argentée dans toute la grâce de sa frêle et suave beauté, à peine voilée par un peignoir blanc. Jusque-là, je l’ai dit, les sens n’avaient eu aucune part à l’attachement qu’elle m’inspirait ; dès cette nuit funeste il fut complet et je pus lui donner son vrai nom. Le parfum capiteux du chèvrefeuille m’enivrait, le sang bouillait dans mes artères, j’avais le vertige, je croyais voir — oui, je voyais distinctement, comme si elle eût de-