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SCIENCE DE LA MORALE. 79

séparent de leur base terrestre, ne laissent pas, à la faveur d’une certaine confusion de termes et d’idées, de tirer, secrètement et imperceptiblement, une grande partie de leur force de la région des sens. Pour se figurer les transports célestes, ils appellent au secours de leur imagination, le souvenir des transports qu’ils ont éprouvés sur la terre ; lesquels, bien qu’éloignés en apparence des passions sexuelles, n’auraient pu exister, cependant, sans ces passions. En voici une preuve : c’est que le mot amitié, qui présente à l’esprit l’idée d’une affection entièrement séparée de la base des sens, ne se trouve pas parmi les expressions qui ont été adoptées comme propres à créer ces vives impressions que leur objet est de produire.

Dans l’analyse des plaisirs et des peines, ou plutôt dans la séparation des plaisirs et des peines en leurs différentes classes ou espèces, il peut être nécessaire de revenir sur ce qui a déjà été dit à cet égard dans « l’Introduction aux principes de la morale et de la législation » (chapitre V).

Les premiers qui se présentent sur cette liste, sont les plaisirs et les peines des sens, comprenant ceux du goût, de l’odorat, du toucher, de l’ouïe, de la vue ; ceux provenant de l’organisation sexuelle, de l’état de santé ou de mala-