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DÉONTOLOGIE.

lui fait considérer comme tel. Nul homme ne peut reconnaître dans un autre le droit de décider pour lui ce qui est plaisir, et de lui en assigner la quantité requise. De là une conclusion nécessaire, c’est qu’il faut laisser tout homme d’un âge mûr et d’un esprit sain juger et agir en cette matière par lui-même, et qu’il y a folie et impertinence à vouloir diriger sa conduite dans un sens opposé à ce qu’il considère comme son intérêt. Et plus on examinera la chose, plus on se convaincra qu’il en est ainsi.

Que devient alors la tâche du moraliste ? Il peut mettre sous les yeux de celui qui l’interroge un aperçu des probabilités de l’avenir, plus exact et plus complet qu’il ne se serait offert à ses regards au milieu des influences du moment. Le moraliste peut l’aider à faire des réflexions et à tirer des conclusions, à tenir compte du passé sous un point de vue plus large, et à en déduire des calculs ou des conjectures pour l’avenir. Il peut lui indiquer des fins qui ne s’étaient pas présentées, et les moyens de les accomplir. Il peut le mettre à même de choisir entre les plaisirs et les peines sagement balancés. Il peut lui indiquer les occasions d’obtenir des jouissances ou d’éviter des souffrances. En effet, pour être véritablement utile, il faut qu’il