gence ; la bienveillance effective se manifeste principalement dans les affections, ces affections qui, fortes et intenses, constituent les passions. La prudence, à son tour, se divise en deux : celle qui se rapporte à nous, ou la prudence personnelle[1], celle par exemple qu’aurait pu exercer le prototype de Robinson Crusoé, le matelot Alexandre Selkirk dans son île déserte ; et celle qui se rapporte à autrui, et qu’on peut appeler prudence extra-personnelle.
La bienveillance effective est ou positive ou négative. Elle s’exerce par l’action ou par l'abstinence d'action. Elle a pour objet ou une augmentation de plaisir ou une diminution de peines. Pour qu’elle opère d’une manière positive, par la production du plaisir, il faut posséder tout à la fois la puissance et la volonté. Quand elle opère négativement en s’abstenant d’agir, la volonté est seule nécessaire. Il y a des limites à la puissance de l'action bienveillante ; il n’y en
- ↑ Nous employons ce mot dans le sens d’égoïsme, qui emporte une idée de préférence vicieuse.
réunies. La bienveillance, sans la bienfaisance, est un arbre sans fruit, et n’ajoute absolument rien au bonheur ; la bienfaisance séparée de la bienveillance, n’est plus une vertu, n’est plus une qualité morale ; elle peut appartenir à un tronc d’arbre ou à un rocher, aussi bien qu'à un être humain.