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SCIENCE DE LA MORALE. 111


un certain point, son jugement est créé par ses propres influences. C’est l’application qu’il se fait à lui-même de ce code domestique à la confection duquel il a lui-même pris part.

S’il est père, ses enfans, dans la proportion de leur respect pour ses opinions et ses actes, reconnaîtront son autorité, et adopteront ses idées de bien et de mal. La sanction domestique peut être plus ou moins efficace, plus ou moins éclairée que la sanction populaire ; son opération est plus directe et plus immédiate que ne peut l’être la sanction populaire, en ce sens que le bonheur d’un homme dépend en général plus de ceux qui l’entourent habituellement ou fréquemment, que de ceux qui sont éloignés de lui. Les sanctions sociale et populaire agissent et réagissent l’une sur l’autre ; la sanction populaire n’étant par le fait que le grand récipient de toutes les sanctions sociales.

3. La sanction morale ou populaire est celle qu’on appelle communément opinion publique ; c’est la décision de la société sur la conduite, décision reconnue et qui fait loi. La sanction populaire peut se diviser en deux branches, l’une démocratique, l’autre aristocratique, lesquelles attribuent à des actes de la même nature une portion bien différente de