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SCIENCE DE LA MORALE. 97


du côté du bien-être. L’existence est à elle seule une preuve concluante de bien-être ; car il ne faut qu’une bien faible quantité de peine pour terminer l’existence.

Il est vrai, et c’est une vérité douloureuse, que le nom de la religion n’a que trop souvent servi à annoncer aux hommes un Être tout-puissant prenant un affreux plaisir au malheur de l’humanité. Des hommes se sont rencontrés, qui, fermant les yeux à l’évidence qui les entourait, aux preuves sans nombre de la bonté et de la puissance de Dieu, ont proclamé le malheur final, le malheur sans espoir, sans limite et sans terme, comme la consommation de ses dispensations terribles. Ce dogme redoutable ne se trouve point dans le christianisme. C’est une imposture pernicieuse et que rien ne justifie. Tous les yeux peuvent lire dans le livre des saintes Écritures ; on n’y trouvera nulle part l’indication d’une telle sentence.

La rareté du suicide prouve d’une manière irrésistible que, somme toute, c’est un bien que la vie ; et quoique la sanction populaire et sympathique soit d’un grand poids dans cette question, on ne peut pas dire que le suicide ait été interdit par Jésus-Christ. Son propre exemple démontre qu’à tout événement, il peut exister