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Comparativement parlant, il est peu d’hommes qui ne conviennent avoir joui, dans le cours de leur existence, d’une portion plus ou moins considérable de bien-être. Il en est peu au contraire, aucun peut-être, qui convienne avoir goûté le bonheur.

La quantité de bien-être dépend de la sensibilité générale, sa qualité de la sensibilité particulière, en ce sens, que certaines sources de plaisir et de peine nous affectent d’une manière plus sensible que d’autres.

Mais avec une somme convenable d’attention et d’observation, chacun de nous pourra connaître le caractère de la sensibilité individuelle. Elle se manifeste à autrui par la contenance, le geste, les manières, la conduite actuelle ou subséquente ; mais aucun indice ne sera aussi complet, aucun témoignage aussi direct que celui de nos propres sentimens. Chaque homme est plus compétent que tout autre à juger de ce qui convient à son propre bien-être : il serait donc absurde de prescrire l’observation de la même ligne de conduite invariablement dans les mêmes occasions, sans tenir compte de la sensibilité particulière de chaque individu.

En prenant l’espèce humaine en général, de quel côté la balance incline-t-elle ? Sans contredit,