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SCIENCE DE LA MORALE. 91

pas le même caractère de criminalité, et dans ce cas il n’y a pas lieu de les traiter comme telles ; ou elles ont ce caractère, et l’enquête le constatera.

On a beau en appeler au sentiment, et rien qu’au sentiment, pour engager les hommes à accomplir les actes que nous appelons vertueux, il faudra quelque chose de plus que le sentiment pour qu’une personne, instruite de toutes les circonstances d’un tel acte, c’est-à-dire, du total de son influence sur les plaisirs et les peines, lui donne son approbation.

Quand la science leur échappe, les hommes cherchent derrière quoi abriter leur ignorance.

On convient que le sens moral n’est autre chose que la propension qu’a un homme, premièrement à faire une certaine action, secondement à l’approuver.

Mais cette propension, sous ces deux formes, peut exister à l’égard de plusieurs actions que les partisans du sens moral sont aussi disposés à condamner que qui que ce soit.

Espérons que le temps est venu où la traduction de généralités vagues et d’assertions arbitraires dans le langage simple des plaisirs et des peines, va bannir graduellement une phraséologie qui, plus que toute autre chose, tend à cou-