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SCIENCE DE LA MORALE. 87

sens moral, ce n’est, après tout, que poser la question : ce n’est pas la résoudre. Si les hommes ont ce sens moral, c’est bien ; mais c’est parce qu’ils ne l’ont pas, qu’il est nécessaire de le chercher ou de découvrir quelque chose qui le remplace.

Il y aurait danger à le considérer comme le principe et le moteur des bonnes actions, et à adopter ses décisions ; ce serait exclure ou entraver tous les autres principes, et le principe de l’utilité lui-méme. Où tracer la ligne de séparation ? Comment concilier des élémens hostiles ? Des forces opposées pourraient du moins se neutraliser l’une l’autre. Ainsi voilà que tout est confusion : le caprice lui-même est érigé en loi.

L’impossibilité absolue de tirer de ce principe une utilité pratique, doit suffire, ce semble, pour en dégoûter ses partisans.

Le sens commun du docteur Beattie est une prétention de la même espèce, puisqu’un homme pourra toujours refuser d’adopter comme régle obligatoire tout sens commun qui différera du sien. L’intelligence du docteur Price, se révolterait contre l’intelligence d’un homme poursuivant une carrière morale différente de celle dans laquelle il est lui-même entré ; et il en sera de