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le maître de la terre

sous ses cheveux blancs. Son père était un de ceux qui, soixante-dix ans auparavant, avaient le plus travaillé à détruire la Chambre des Lords, dont il était membre ; et son fils avait dignement continué son œuvre. Il était, à présent, membre du gouvernement ; et c’était lui qui devait présider la cérémonie du jour. Derrière lui, venait Olivier, tête nue ; même à la distance où elles étaient de lui, sa mère et sa femme purent voir ses mouvements agiles, et le sourire à la fois modeste et assuré de ses lèvres, lorsque son nom émergea de la tempête des cris que poussait la foule. Puis lord Pemberton leva la main, fit un signal, et aussitôt les voix s’arrêtèrent, sous un soudain roulement de tambour : après quoi toutes les musiques entonnèrent l’hymne maçonnique.

C’était comme si la voix d’un géant eût chanté l’ample mélodie. L’hymne avait été composé dix ans auparavant, et la nation entière, désormais, le savait par cœur. La vieille Mme Brand souleva, cependant, jusqu’à ses yeux le papier imprimé qui en contenait le texte, et lut ces mots, le début de l’hymne :

Seigneur, qui habites la terre et les mers…

Elle lut les vers suivants, composés avec un heureux mélange de zèle et d’adresse pour l’exaltation de l’idée humanitaire. L’hymne entier avait une allure religieuse ; un chrétien même, à la condition de ne pas trop réfléchir, aurait pu le chanter sans scrupule. Et pourtant sa significa-