Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée
71
l’avènement

été dressée tout autour de la statue de bronze, de telle façon que Braithwaite lui-même semblât être l’un des orateurs. La place entière, au-dessous, était pavée de têtes, et retentissait des murmures de centaines de milliers de voix, que dominait, par instants, l’éclat puissant des cuivres et des tambours, lorsque passaient les sociétés de bienfaisance et les guildes démocratiques, chacune précédée de sa bannière, et convergeant vers le vaste espace qui leur était réservé au pied de l’estrade. Pas une fenêtre, non plus, qui ne fût encombrée de visages ; sans compter qu’on avait installé de vastes tribunes, pour les auditeurs privilégiés, sur toute la longueur des façades de la Galerie Nationale et de Saint-Martin. (La vieille colonne du Square, avec ses lions, avait depuis longtemps disparu. Nelson avait été trouvé compromettant pour l’Entente cordiale ; et les lions, décidément, avaient paru d’un type trop éloigné de « l’art nouveau ». À leur place s’étendait maintenant une large avenue conduisant à la Galerie Nationale.) Enfin, par-dessus les toits, de longues frises de tête se dessinaient, sur le bleu uni du ciel.

Lorsque les horloges sonnèrent l’heure convenue, deux figures surgirent de derrière la statue, s’avancèrent, et au même instant, les murmures des conversations se changèrent en unanimes vivats.

On vit arriver, d’abord, le vieux lord Pemberton, un vieillard admirablement droit et solide,