Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée
57
l’avènement

les autres, mais, lui-même, il ne peut pas se sauver !… Qu’il descende seulement de la croix, et nous croirons en lui ! » Au loin, derrière des buissons, et dans des creux du sol, les rares amis de Jésus regardaient et sanglotaient ; Marie elle-même se taisait, percée de sept glaives ; et le disciple qu’il avait aimé ne trouvait point de paroles de consolation.

Et il sentait aussi qu’aucun mot ne serait dit du haut des cieux ; les anges eux-mêmes avaient reçu l’ordre de mettre l’épée au fourreau, et d’attendre l’éternelle puissance de Dieu ; car l’agonie était à peine commencée, et mille horreurs devaient se produire encore avant qu’arrivât la fin, la somme dernière de la crucifixion… Et Percy, méditant et analysant l’éternelle leçon comprenait que le chrétien, désormais, ne pouvait plus que veiller et attendre, jusqu’au jour où le corps mystique sortirait décidément du tombeau. Cet univers intérieur, dont un immense effort lui avait appris le chemin, était à présent tout imprégné d’angoisse ; il était amer comme le fiel, éclairé de cette pâle lueur que la grande souffrance physique fait surgir dans les yeux, et traversé d’une longue note continue qui ressemblait à un gémissement.

« Seigneur ! murmura-t-il, comment pourrai-je supporter cela jusqu’au bout ? »

Mais, dès l’instant suivant, la terrible vision s’était effacée. Percy se passa la langue sur les lèvres, pour les humecter, et ouvrit ses yeux sur l’abside enténébrée, devant lui. L’orgue