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l’avènement

pression de n’être rien qu’un cœur qui battait, et un esprit qui enfantait d’incessantes images, Puis il fit une nouvelle descente : il renonça à tout ce qu’il était et possédait, et eut conscience que son corps même s’évanouissait, tandis que son esprit et son cœur, dominés par la sublime présence qui se dressait devant eux, se soumettaient docilement à la volonté de leur maître. De nouveau il soupira, en sentant cette Présence se rapprocher de lui ; il répéta machinalement quelques paroles, et tomba enfin dans cette paix qui suit le suprême renoncement à la pensée personnelle.

Ainsi il resta assez longtemps. Très loin, au-dessus de lui, retentissait la musique merveilleuse, mais elle était désormais pour lui aussi indifférente que les bruits de la rue pour un homme qui dort. Il se trouvait maintenant en deçà du voile des choses, au-delà des barrières de la sensation et de la réflexion, dans ce lieu secret dont un effort obstiné lui avait appris le chemin, dans cette région singulière où les réalités véritables apparaissent avec une évidence directe, où les perceptions vont et viennent avec la rapidité de l’éclair, où l’Église et ses mystères sont vus du dedans, auréolés de gloire.

Après quoi, il s’éveilla de nouveau à la conscience, et commença une oraison intérieure

« Seigneur, me voici en face de vous ! Je vous connais ! Je sais qu’il n’y a rien d’autre que vous et moi… et je remets tout entre vos mains, votre