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le maître de la terre

prêtre s’avança dans le transept, et s’agenouilla.

Le soir approchait. Le grand temple sombre n’était éclairé que par des reflets épars de la lumière du dehors, pénétrant à travers de somptueux vitraux récemment donnés par un lord converti. Devant Percy s’étendait le chœur, avec une double rangée de chanoines en surplis blancs et en chapes de fourrure ; au milieu, sous un vaste baldaquin, brûlaient les six lumières qui avaient brûlé là, chaque jour, depuis plus d’un siècle ; et, plus loin encore, c’étaient les hautes lignes de l’abside, avec la voûte profonde où l’on voyait le Christ régner dans sa majesté. Percy laissa errer ses yeux autour de lui, pendant quelques instants, avant de commencer sa prière : il admirait la beauté du lieu, écoutait les chœurs magnifiques, les appels de l’orgue, et la fine voix nuancée du prêtre. À gauche, brillait l’éclat réfracté des lampes, allumées devant le Sacrement ; à droite, une douzaine de cierges jetaient une lueur vacillante au pied de la gigantesque croix, supportant ce Pauvre divin qui invitait tous ceux qui le regardaient à partager son supplice.

Puis le prêtre se cacha le visage dans les mains, soupira, et se mit à prier.

Il commença, comme il faisait toujours, par un acte délibéré de renoncement au monde sensible. Il s’efforça de descendre jusqu’au fond de soi-même ; et bientôt l’appel de l’orgue, le bruit des pas, la dureté du banc de bois sous ses genoux, tout cela disparut pour lui, et il eut l’im-