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l’avènement

Dès l’instant où il pénétra dans le petit salon, il comprit que la crise redoutée avait eu lieu. Le P. Francis paraissait fatigué et souffrant : mais il y avait, dans l’expression de ses yeux et de sa bouche, quelque chose de dur qui décelait une résolution désormais inébranlable. Il se releva pour saluer son ancien ami.

— Mon père, dit-il, je suis venu vous dire adieu ! Il m’est impossible de rester plus long temps dans cet état !

Percy fit de son mieux pour ne montrer aucune émotion. D’un petit signe, il invita le P. Francis à s’asseoir, puis il s’assit lui-même en face de lui.

— C’est la fin de tout ! reprit le visiteur, d’une voix qu’il tâchait à rendre ferme et assurée. Je ne crois plus à rien ! Mais, au reste, il y a déjà un an que je ne crois plus à rien !

— Vous voulez dire que vous n’éprouvez plus rien ? rectifia Percy.

— Oh ! non, ce n’est pas seulement cela ! poursuivit l’autre. Je vous dis qu’il ne me reste plus rien ! Je ne puis plus même discuter, désormais ! Je suis simplement venu vous dire adieu !

Percy n’avait rien à répondre. Depuis plus de huit mois, il avait travaillé à persuader son ancien camarade et ami, depuis le premier moment où le P. Francis lui avait dit que sa foi s’en allait. Il se rendait bien compte de la lutte cruelle qui s’était livrée dans cette âme malade ; et, de tout son cœur, il plaignait la pauvre créature qu’il avait vue irrésistiblement entraînée