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le maître de la terre

— Et… et ces pauvres gens… c’est tout à fait fini ?

— Mais oui, sans doute !

Mabel tint ses lèvres serrées, un instant ; puis elle soupira. Elle avait eu, dans le train de retour, une sorte de méditation très agitée. Elle savait parfaitement que ce n’étaient que ses nerfs qui se trouvaient en jeu ; mais, n’importe, elle ne parvenait point à les apaiser. Comme elle l’avait dit à son mari, c’était la première fois qu’elle voyait la mort.

— Et alors, ce prêtre, reprit-elle, ce prêtre ne croit pas que tout soit fini ?

— Ma chérie, je vais te donner une idée des choses qu’il croit ! Il croit que cet homme, à qui il a montré le crucifix et sur lequel il a prononcé des formules, que cet homme est maintenant vivant quelque part, malgré l’anéantissement de son cerveau ; quelque part, mais il ne sait pas où. Car, ou bien cet homme se trouve dans une sorte de fourneau, où il est condamné à brûler à petit feu ; ou bien, s’il a de la chance, et que ce morceau de bois qu’il a baisé ait produit bon effet, il est quelque part derrière les nuages, en présence de trois personnes qui n’en font qu’une, tout en étant trois. Et il croit qu’il y a, dans cet endroit, une foule d’autres personnes, notamment une certaine dame en bleu, et un grand nombre d’hommes et de femmes en blanc, dont quelques-uns ont la tête sous le bras, et qui tous tiennent des harpes et chantent sans arrêt, et trouvent cet exercice infiniment agréa-