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l’avènement

— Toute la chose avait été si… si soudaine ; et, cependant, tout de suite, il était là, comme s’il s’était attendu à ce qui a eu lieu ! Mais, enfin, Olivier, comment peut-on avoir de telles croyances ?

— Les hommes sont prêts à croire n’importe quoi, pourvu qu’on les y accoutume d’assez bonne heure !

— Et cet homme avait l’air de croire aussi, je veux dire le mourant ! J’ai vu ses yeux… Olivier, mon chéri, qu’est-ce que tu dis, toi, aux gens, quand ils vont mourir ?

— Ce que je leur dis ? Mais rien ! Que veux-tu que je leur dise ? Au reste, je ne crois pas que j’aie encore vu mourir personne.

— Ni moi, jusqu’à tout à l’heure ! reprit la jeune femme, avec un petit frisson. Les gens de l’euthanasie, d’ailleurs, sont vite arrivés, et tout a été fini en quelques minutes.

Olivier, tendrement, lui pressa la main.

— Ce doit avoir été affreux, ma chérie ! tu en trembles encore !

— Non, mais écoute !… Vois-tu, si j’avais eu quelque chose à leur dire, à ces mourants, j’aurais été heureuse de le leur dire aussi ! Ils étaient à quelques pas de moi. Et j’ai bien cherché : mais j’ai vu que je ne savais rien, absolument rien, qui pût les consoler ! Je ne pouvais pourtant pas songer à leur parler de l’humanité !

— Ma chérie, tout cela est bien triste, mais, au fond, cela n’a guère d’importance ! Le mal est désormais accompli…