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le maître de la terre

Le fait est que Dieu, ou son remplaçant le Destin, s’était montré pitoyable. Moins d’un quart d’heure après, M. Phillips accourut, tout rayonnant de bonheur, apporter la réponse rassurante de Brighton ; et bientôt Mabel elle-même entra dans la chambre, très pâle, mais le sourire aux lèvres.

— Ma chérie ! s’écria Olivier, en s’élançant vers elle avec un profond sanglot.

Elle n’avait que peu de choses à lui raconter. Aucune explication du désastre n’avait encore été publiée : on lui avait dit seulement que les ailes de l’aérien, sur l’un des côtés, avaient cessé de fonctionner. Du moins elle décrivit ses propres impressions, l’ombre gigantesque qu’elle avait vue descendre du ciel, le sifflement lugubre de l’appareil, et le bruit de la chute. Puis elle s’arrêta.

— Eh ! bien, chérie ? lui demanda Olivier, qui s’était assis tout contre elle, et avait pris l’une de ses mains dans les siennes.

— Figure-toi qu’il y avait un prêtre, là-bas ! dit Mabel. Je l’avais d’ailleurs déjà vu auparavant, à la descente de la gare !

Olivier eut un petit rire méprisant.

— Et tout de suite il s’est mis à genoux, reprit-elle, avec son crucifix dans la main, avant même l’arrivée des médecins. Dis-moi, mon chéri, est ce qu’il y a vraiment des gens qui croient à tout cela ?

— En tout cas, ils s’imaginent qu’ils y croient ! répondit son mari.