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en avant, et ses bras en croix sur sa poitrine. L’étroite chapelle retentissait du mélange des voix ; et tout le vaste monde, au dehors, vibrait et frémissait sous ce chant merveilleux.

Tout en continuant de chanter, le prêtre vit que quelqu’un posait un voile sur les épaules de Sylvestre ; et puis il y eut un mouvement, un passage de figures, — d’ombres lointaines, main tenant, dans l’évanouissement des apparences terrestres.

Uni trinoque Domino…

Et le pape se redressa, éclatante pâleur dans le rayonnement de lumière, avec des plis de soie lui tombant des épaules, et ses mains enveloppées de ces plis, et sa tête cachée par l’ostensoir de métal au centre duquel éclatait la splendide blancheur.

Qui vitam sine termina

Nobis donc ! in patria.

Les assistants remuaient, à présent, et le monde de la vie renaissait en eux : voilà ce que le prêtre syrien parvenait à comprendre ! Lui-même, bientôt, se trouva dehors, dans le passage, parmi des visages livides et affolés, qui, la bouche ouverte, contemplaient le spectacle de ces quarante prêtres indifférents aux catastrophes prochaines, et tout absorbés dans le chant sonore du Pange lingua… Arrivé au coin du corridor, il se retourna un instant, pour voir les six flammes tremblantes briller, comme des lances