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tumulte, dans le corridor, des yeux enflammés et des bouches criantes ; et, en contraste merveilleux, il apercevait les pâles visages extasiés de ceux des cardinaux et prêtres qui, machinalement, s’étaient retournés vers la porte : mais tout cela lui apparaissait séparé de lui, comme une scène de théâtre, et le drame qui s’y joue, sont séparés du spectateur de la galerie. Dans l’univers matériel, réduit maintenant à l’irréalité d’un mirage, des événements se passaient : mais, pour l’âme du prêtre syrien, recueillie dans l’attente d’événements plus réels, tout cela n’était rien qu’un rêve lointain et confus.

De nouveau, il se tourna vers l’autel ; et là, comme il le savait d’avance, là, parmi la resplendissante lumière des cierges, tout était en paix. Humblement, en un murmure lent et recueilli, l’officiant adorait le mystère du Verbe incarné ; et bientôt, un fois de plus, le prêtre syrien le vit tomber à genoux, devant le Sacrement.

Et voici que par une impulsion irrésistible, le prêtre syrien sentit que ses propres lèvres commençaient à chanter, très haut, des paroles qui, à mesure qu’elles en sortaient, s’ouvraient comme des fleurs épanouies au soleil :

0 salutaris hostl’a, quæ cœlipandis oslium…

Tous les assistants chantaient ; et il n’y avait pas jusqu’au catéchumène mahométan, celui qui venait, tout à l’heure, d’entrer avec de grand cris d’effroi, il n’y avait jusqu’à lui qui ne chantât comme les autres, sa petite tête mince penchée