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qui tout en éprouvant la douleur, s’imaginent qu’elle n’est plus en eux, mais dans le lit où ils sont couchés. Et il n’y avait plus, en lui, ni crainte, ni même espérance : il considérait sa personne, le monde, et jusqu’à la présence terrible de l’Esprit, comme des faits qui allaient redevenir réels bientôt, dans un instant, mais qui, à cette heure, se confondaient dans une sorte d’énorme sommeil universel.

Et il ne s’étonna point non plus, — lorsqu’il rouvrit la porte de la chapelle, de de voir que, maintenant, tout le dallage était encombré de figures étendues là, immobiles. Tous les cardinaux et tous leurs assistants étaient prosternés sur le sol, tous semblables l’un à l’autre, sous les burnous blancs que lui-même leur avait distribués la veille ; et devant eux, près de l’autel, était agenouillée la figure de l’homme que le Syrien connaissait mieux et aimait plus profondément que tout le reste du monde, ses cheveux blancs se détachant sur la blancheur de l’autel. Sur cet autel brillaient les six grands cierges ; et, entre eux, sur un petit trône bas, se dressait l’ostensoir de métal avec, au milieu, le petit disque blanc…

Et alors le Syrien s’agenouilla, lui aussi, et resta immobile.

Il ne sut point combien de temps se passa avant que se réveillassent sa conscience individuelle et son habitude d’observation, avant que la coulée des images et la vibration des pensées eussent,