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l’office prescrit. Un autre, les mains pendantes, marchait de long en large devant la maison, sans arrêt, les yeux très grands ouverts et ne voyant rien. Un autre encore, saisi d’un besoin machinal de mouvement, comme le Syrien, avait, lui aussi, parcouru le village, se parlant très haut à soi-même, tandis que dans la lumière incertaine du monstrueux brouillard, des visages surpris le considéraient, de toutes les portes des maisons. Les paroles de Sylvestre avaient en pour effet de clore, en quelque sorte, brusquement, l’existence terrestre des auditeurs ; et tous, aussitôt, avaient laissé tomber d’eux, comme un lourd manteau désormais inutile, toutes leurs pensées et occupations de ce monde.

Quant au Syrien lui-même, il aurait été bien incapable de rendre compte de l’état où il se trouvait. Il lui semblait que le temps ne marchait plus, comme aussi que ce n’était pas lui-même qui remuait, mais que la terre se mouvait sous ses pieds. Et toujours, tout en changeant de place, il levait les yeux vers le ciel, du côté de l’Orient, attendant ce qu’il savait qui allait venir, avec une certitude pleinement exempte de crainte.

III

Dans le ciel, aucun changement ne s’était produit, depuis une heure, si ce n’est que, peut-être, la lumière était devenue un peu plus vive