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Car, dans cette même vision d’extase, il découvrait aussi un autre monde, transcendant et supérieur à toutes les imaginations humaines, un monde de volontés et d’esprits, en comparai son duquel tout l’univers terrestre n’était que poussière infime, aussitôt dispersée. Ce à quoi toujours, en sa qualité de prêtre chrétien, il avait aspiré, ce dont toujours il avait vécu sans le voir, c’était cela qui était en train, maintenant, de passer du champ de sa foi dans celui de sa vue. Maintenant, dans cette seconde infinie, son âme n’avait plus besoin d’aucun effort pour s’élever à ce monde supérieur : car c’était ce monde seul qui devenait réel, tandis que l’ancienne réalité s’effaçait, comme un rêve passager.

Et lorsque cette seconde d’illumination finit, — et elle s’évanouit dès que le pape eut baissé les mains, — la connaissance de tout cela resta au fond du cœur du prêtre syrien, désormais assurée et inébranlable. Il connut cette réalité surnaturelle aussi certainement qu’un homme connaît le visage de son ami, il se la représenta aussi fidèlement que notre mémoire reconstitue l’aspect d’un jardin, que lui a, tout à coup, révélé la lueur d’un éclair. Et quand, ensuite, la voix de Sylvestre continua de parler, dans un prodigieux élan d’enthousiasme, le prêtre ne perçut que le seul bruit des mots. Car toute son âme persistait à regarder ce qu’il lui avait été donné d’entrevoir, s’ingéniant, — ainsi que parfois nous faisons au sortir d’un rêve très intense, —