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tal ; et les visages de ces deux hommes, que le prêtre syrien n’avait jamais vus, se révélaient à lui non moins clairement, — la chevelure blanche et les traits juvéniles de l’un, avec ses yeux profonds et sa fine bouche éloquente, et puis le visage, un visage fatigué et tiré, de l’autre, mais, à cette minute, tout allumé d’espoir.

Voilà ce que vit le prêtre, et non point comme voient les yeux, mais comme voit l’esprit ! Il vit ce que les yeux ne sauraient voir, car tout lui apparut sur un même plan, la mer au-dessus, le vaisseau blanc qui courait, l’intérieur du vaisseau, et les moindres détails des visages, et les cartes géographiques étalées sur la table. Mais il vit bien plus encore que cela : car il comprit, aussitôt, qui étaient ces hommes et ce qu’ils pensaient, à quelle action ils se préparaient, en même temps il eut très nettement la notion du pitoyable échec de leur entreprise. Il vit ces hommes volant à la mort éternelle, tandis qu’ils s’imaginaient qu’ils allaient, enfin, obtenir leur victoire. Il sut pourquoi ces hommes étaient assis là ; pourquoi ce vaisseau courait, de toute sa vitesse, à travers le monde ; pourquoi cette troupe d’aigles s’était rassemblée des quatre coins du globe, armée de sa puissance irrésistible ; il sut que ce qu’il apercevait ainsi était le résumé de toutes les forces de la terre, unies pour procéder à leur dernière victoire sur les derniers soutiens de la foi du Christ : il sut tout cela, et, cependant, aucune ombre de peur n’était en lui.